Le spectacle donné à Saint-Germain, en février 1670, « dépasse en pompe et en magnificence toutes les représentations antérieures […] Le roi participe au ballet dans le rôle de Neptune, puis d'Apollon[130] ». La maladie devait toutefois progresser et se transformer en bronchite chronique pour finalement dégénérer en pneumonie ou en pleurésie[154]. Durant les quatorze saisons de son activité parisienne, entre 1659 et 1673, la troupe a joué 95 pièces pour un total de 2 421 représentations, publiques ou privées[108]. La pièce sera affichée sans discontinuer jusqu'au 15 mai, en deçà et au-delà du relâche de Pâques[n 53]. ». La « Troupe de Monsieur » commence à représenter le 2 novembre. Donneau de Visé en donne ce témoignage : « Il a pris le soin de faire si bien jouer ses compagnons que tous les acteurs qui jouent dans la pièce sont des originaux que les plus habiles maîtres de ce bel art pourront difficilement imiter […] chaque acteur sait combien il doit faire de pas et toutes ses œillades sont comptées[188]. Le 10 juin, première du Sicilien à Paris. Molière tente d'obtenir l'appui de Louis XIV en écrivant un Second placet, que La Grange et La Thorillière sont chargés d'aller présenter au roi, qui fait alors le siège de Lille. Il réussit à harmoniser des styles différents chez un même personnage en jouant sur l'exagération, la répétition et la symétrie[254]. Ce dernier avait pour précepteur occasionnel Pierre Gassendi, redécouvreur d'Épicure et du matérialisme antique, lequel, écrit Grimarest, « ayant remarqué dans Molière toute la docilité et toute la pénétration nécessaires pour prendre les connaissances de la philosophie », l'aurait admis à ses leçons avec Chapelle, Bernier et Cyrano de Bergerac[n 14]. ». Poquelin et Cressé sont des bourgeois cossus, comme en témoignent les inventaires après décès[n 8]. Tombe d'Alfred Musset. Le garçon amoureux se déguise en intendant dans L'Avare, en fils du Grand Turc dans Le Bourgeois gentilhomme, en maître de musique dans Le Malade imaginaire : cela lui permet dans chacun de ces cas de « donner une réplique au père-obstacle opposé à ses vœux qui est sans commune mesure avec le discours ordinaire des jeunes premiers »[272]. Toutes les photos de Gérard ROBERT sur L'Internaute La personne de Molière inspire une étude à Luigi Riccoboni (Observations sur la Comédie et le génie de Molière, 1736) et la pièce Il Moliere à Carlo Goldoni (1751). Toute l'édition de l'opuscule de Roullé est saisie peu après; mais le dénigrement du Tartuffe n'est pas la seule raison de cet ordre royal. ... En 1663, elle fit ses premiers pas sur scène sous le nom de Mlle Molière avant de créer les premiers rôles féminins tels que celui d' Elmire, dans Le Tartuffe, d' Angélique, dans Le Malade imaginaire, etc. Saison 1670-1671 : Louis XIV, qui vient de recevoir à Versailles l'ambassadeur ottoman Soliman Aga[131], veut donner à sa cour une comédie-ballet où des Turcs apparaissent sur scène à leur désavantage. En le signant, les ecclésiastiques (séculiers et réguliers) reconnaissaient "condamner de bouche et de cœur" les cinq propositions théologiques qu’un oratorien avait tirées en 1649 de l’Augustinus de Jansénius, livre fondateur de la "secte", et que la faculté de théologie de Paris, puis une commission de cardinaux romains, avaient jugées "téméraires", "impies", "dignes d’anathème", "blasphématoires", "scandaleuses", "calomnieuses", "injurieuses à la bonté de Dieu" et "hérétiques". Toutefois, la présence même de Jean-Baptiste Poquelin au collège de Clermont est sujette à caution. Il affiche aussi une audace et une maîtrise dans le maniement des sous-entendus qui commencent à inquiéter les milieux dévots. Créé le 5 août au Palais-Royal devant une salle comble, le spectacle est immédiatement interdit sur ordre du premier président du Parlement, Guillaume de Lamoignon — chargé de la police en l’absence du roi —, interdiction redoublée le 11 août par l’archevêque de Paris, qui fait défense à ses diocésains, sous peine d’excommunication, de représenter, lire ou entendre la pièce incriminée[99]. ». Cette première version en trois actes est chaudement applaudie par le roi et ses invités. Il précise en outre que « l'hypocrisie est dans l'État, un vice bien plus dangereux que tous les autres ». Quelques troupes cependant jouissent d’un statut privilégié, qu'elles doivent à la protection d'un grand seigneur amateur de fêtes et de spectacles. D'autres ont vu dans Orgon le prince de Conti lui-même. Selon Claude Bourqui, « la plupart des comédies de Molière avouent l'utilisation certaine d'au moins un texte allogène[214]. ». c’est toi qui t’abandonnes à ces coupables extrémités ! Selon lui, Molière n'aurait pas écrit lui-même ses pièces et aurait eu Pierre Corneille pour « nègre », ou, plus précisément, Molière aurait été le prête-nom de Corneille. Grimarest, qui s'appuie sur les souvenirs de Baron et de nombreux témoignages, laisse entendre que le couple n'était pas heureux et présente Armande comme « une coquette outrée »[82]. Lorsqu'il publia la version en cinq actes de sa pièce, Molière écrivit une préface destinée à masquer ses intentions initiales en prétendant que son objectif premier avait été de dépeindre « un méchant homme ». Deux partisans de Molière prennent sa défense quelques mois plus tard : le premier n'a jamais été identifié ; le second serait Jean Donneau de Visé selon René Robert[102] et François Rey[103]. Il se présente « sous l'ajustement d'un homme du monde », portant « un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée, et des dentelles sur tout l'habit »[20]. Zimbra propose des solutions de messagerie et de collaboration Open Source (serveur et client). C’est la première fois qu’il publie, il a désormais le statut d’auteur[n 31]. Quand Mgr de Saint-Vallier apprend la nouvelle, il demande des explications à Frontenac, lequel lui répond simplement : « Puisqu'il se joue à Paris[46] ». Le 6 avril 1660, le frère cadet de Molière, Jean III Poquelin, meurt. L'ensemble de ses pièces compte quelque 150 personnages[286]. Le premier, en particulier, qui était son exact contemporain et se disait son ami[11], avait été pendant plusieurs années professeur au collège de Clermont[12] ». Dans sa Vie de M. de Molière publiée en 1705, Grimarest lui donne pour condisciples deux personnages qui seront plus tard ses amis avérés, le philosophe, médecin et voyageur François Bernier et le poète libertin Chapelle[n 13]. The works of Moliere : French and English : in ten volumes. Le dimanche 15 février 1665, la troupe de Monsieur crée Le Festin de Pierre ou l'Athée foudroyé, comédie de Molière qui constitue la troisième adaptation française de la légende de Don Juan. Getty Images. Il sera libéré sur l'intervention de Frontenac le 29 novembre, alors que Saint-Vallier vient de rentrer en France. — Dorante : Assurément, madame ; et quand, pour la difficulté, vous mettriez un plus du côté de la comédie, peut-être que vous ne vous abuseriez pas. Sa vie mouvementée et sa forte personnalité ont inspiré dramaturges et cinéastes. L'idée selon laquelle il fut pris d'un malaise sur scène et qu'il était « si fort travaillé de sa fluxion qu'il eut de la peine à jouer son rôle[158] » n'apparaît que dans des récits romancés postérieurs qui s'accordent seulement sur le fait qu'il mourut quelques heures plus tard[n 57]. Meteo La Talaudière (42350) - Loire ☼ Longitude : 4.43 Latitude : 45.48 Altitude : 505m ☀ Le département de la Loire a une géographie et un climat très diversifié. Cela arriva comme je l'avais prédit, et dès cette première représentation l'on revint du galimatias et du style forcé », « remettent en cause les principes de la société : mariage, direction de conscience, mépris aristocratique des lois, c'est-à-dire famille, religion, noblesse, « il a joué un rôle décisif dans l'évolution du caractère français et de la société française, « Il écrivit pour lui-même une trentaine de rôles, souvent très différents les uns des autres, Sganarelle et Alceste, Jourdain et Scapin, Arnolphe et Sosie, différences qui supposent précisément une extraordinaire plasticité d'acteur. Tous les traités de dévotion depuis l'Introduction à la vie dévote de saint François de Sales insistaient sur la nécessité absolue, pour quiconque voudrait vivre « en Dieu » tout en restant « dans le monde », de se laisser guider par un directeur de conscience : un homme distinct du confesseur et le plus souvent choisi parmi une catégorie relativement répandue, des laïcs qui avaient fait vœu d'obéissance à Dieu, de pénitence, de pauvreté, de chasteté. Son contemporain Louis Bourdaloue, dans un sermon sur l'hypocrisie, dénonce cette pièce comme « une de ces damnables inventions pour humilier les gens de bien, pour les rendre tous suspects » et estime qu'il n'est pas du ressort d'un comédien de toucher à l'hypocrisie religieuse[37]. Mar 19, 2015 - See 13 photos from 77 visitors to Tombe de Molière. Au lieu de montrer un amoureux dont les desseins sont contrariés par un rival ou un père intransigeant, le protagoniste y est son propre adversaire. Le roi ayant observé qu’un fâcheux auquel Molière n’avait pas pensé méritait sa place dans la galerie, Molière modifie rapidement le contenu de sa pièce pour y ajouter la scène du chasseur importun (Acte II, scène 6)[76]. Il continue cependant à utiliser des masques faits sur mesure pour certains personnages, tout particulièrement les médecins dans plusieurs pièces, dont L'Amour médecin et Le Malade imaginaire[274]. ». Il s’y ajoute les rentes des prêts qu’il a consentis et les revenus qu’Armande tire de l’héritage de Madeleine, soit au total plus de 15 000 livres, l’équivalent, ajoute Duchêne, du montant de la pension que verse Louis XIV au comte de Grignan pour exercer sa charge de lieutenant général au gouvernement de la Provence[107]. Ainsi, Bill Dexter « transporte Le Misanthrope de la Cour de Louis XIV à la « Cour » autocratique de Charles de Gaulle en 1966 », en utilisant une traduction-adaptation écrite à l'occasion du tricentenaire de la pièce par Tony Harrison[335]. Molière la jouera 47 fois dans son théâtre. ». À l’automne, il quitte Paris[n 17]. Il meurt à l’âge de 51 ans, quelques heures après avoir tenu pour la quatrième fois le rôle-titre du Malade imaginaire. Ils sont partis, et j’ai peu d'espérance Il a également compté parmi ses amis Jean-Baptiste Lully, avec qui il collabora jusqu'en 1672, et un certain M. de Saint-Gilles, intendant de Brienne, qui avait été l'ami de Cyrano de Bergerac et d'Henry Le Bret, dont on sait peu de choses, mais qu'au dire de Boileau, Molière aurait peint dans Le Misanthrope sous le nom de Timante. C’est offenser les lois, c’est s’attaquer aux cieux. La première opération a consisté à ajouter une ultime scène au troisième acte (qui devient la fin de l'acte IV dans la version définitive) et un quatrième acte (qui devient l'acte V dans la version définitive)[30] : Tartuffe n'était plus cette sorte de moine laïc, gros et gras, victime de la tentation (un « hypocrite » tel que l'Église désignait les croyants insincères) ; il devenait un « scélérat », véritable criminel masqué qui simulait la dévotion afin de s'introduire dans les familles, s'emparer des héritages au détriment des fils, épouser les filles et coucher avec les épouses. Avec L'École des maris (1661) et plus encore L'École des femmes (1662), Molière se moque des tyrans domestiques et plaide en faveur de l’éducation des femmes[n 68]. Certains auteurs voient dans ce choix un hommage au musicien et danseur Louis de Mollier (vers 1615 - 1688), auteur en 1640 d'un recueil de Chansons pour danser. ». Selon Grimarest, « ce fut alors [qu'il] prit le nom qu'il a toujours porté depuis. On sait, par une lettre du duc d’Enghien, qu'au début de l'automne 1665 il est en train d’ajouter un quatrième acte aux trois actes joués à Versailles l'année précédente. Il méritoit, par cet attentat sacrilége et impie, un dernier supplice exemplaire et public, et le fust mesme avant-coureur de celuy de l'Enfer, pour expier un crime si grief de lèze-Majesté divine, qui va à ruiner la religion catholique, en blasmant et jouant sa plus religieuse et sainte pratique, qui est la conduite et direction des âmes et des familles par de sages guides et conducteurs pieux. Le curé de Saint-Eustache ne peut, sans faire scandale, l’enterrer en faisant comme s’il n’avait pas été comédien. Pour les comédiens de Molière, c’est la prospérité. Les noms propres sont souvent révélateurs : Trissotin est le modèle du pédant « triplement sot » dans Les Femmes savantes, le médecin Diafoirus dans Le Malade imaginaire évoque quelque lavement « foireux »[287], le bourgeois Gorgibus est le père des précieuses ridicules, Arnolphe dans L'École des femmes s'appelle « de La Souche », patronyme fort approprié à un homme hanté par le cocuage et anxieux d'assurer la transmission de son titre[288], etc. Dans Monsieur de Pourceaugnac, un personnage camoufle son origine en affectant d'être un marchand flamand : « Montsir, avec le vostre permissione, je suisse un trancher marchand Flamane, qui voudrait bienne vous temantair un petit nouvel[261]. Florian Cafiero et Jean-Baptiste Camps, «, On trouve une filmographie complète sur le site. / Il est avantageux partout d’être honnête homme / Mais il est dangereux avec lui d’être un fat[120]. Un déclencheur courant est un renversement radical de situation ou de perspective. Voir, « […] il vient le nez au vent, / Les pieds en parenthèse, et l'épaule en avant, / Sa perruque qui suit le côté qu'il avance, / Plus pleine de laurier qu'un jambon de Mayence, / Ses mains sur le côté d'un air peu négligé, / Sa tête sur le dos comme un mulet chargé, / Ses yeux fort égarés, puis débitant ses rôles, / D'un hoquet éternel sépare ses paroles, / Et lorsque l'on lui dit : Et commandez ici, / [Il répond :] / Con-nai-sez-vous-Cé-sar-de-lui-par-ler-ain-si ? En 1690, le Furetière enregistre le mot, qu'il définit ainsi : « Tartuffe. ». », « reconstruite par l'ingénieur et architecte Gaspare Vigarani, intendant des Plaisirs, des machines, théâtres, ballets et fêtes royales, était le plus grand théâtre jamais construit à cette date, pouvant accueillir 6 000 spectateurs », « Ce divertissement, disait-on, était sec, peu intéressant, et ne convenait qu'à des gens de lecture. À quoi le comédien aurait répondu : « Ah, Monsieur ! À partir de 1664[144], et pendant huit ans, Molière et Lully, surintendant de la musique royale, collaborent avec succès, Lully composant la musique des comédies de Molière pour les grandes fêtes royales. » Sans être « libertin » au sens moderne du mot ni porteur d'un système philosophique précis, Molière apparaît comme un homme qui « s'est affranchi des règles de la société et de la tutelle de l'Eglise[204] » et dont les pièces présentent des échos de disputes philosophiques qui servent « à suggérer, critiquer, sublimer, mettre en rapport, subvertir, etc., des affects, conflits, situations, processus humains[205] ». Tartuffe est un personnage qui ne révèle pas ses sentiments intérieurs. Ce mouvement de réforme des mœurs était orchestré par la Compagnie du Saint-Sacrement, une société secrète qui faisait notamment campagne contre le théâtre et dont un des historiens écrit qu'elle « contribua grandement, en 1664, à la suppression de la “méchante comédie de Tartufe“ »[36]. C’est un véritable « festival Molière » et sa troupe contribue beaucoup aux réjouissances des trois premières journées[n 39]. En même temps, comme le fait remarquer Ramon Fernandez, Monsieur de Pourceaugnac présente « un monde cynique, indifférent au bien et au mal », comme c'était déjà le cas dans Amphitryon, George Dandin et L’Avare : Molière s'est désintéressé de la leçon morale de la comédie[143]. En septembre, la troupe de Dufresne-Molière est invitée à y donner la comédie devant le prince et sa maîtresse[n 22]. Dans Amphitryon, Mercure prend la figure du valet d'Amphitryon, Sosie, pour servir les desseins amoureux de Jupiter. » Un instant après, il lui prit une toux extrêmement forte, et après avoir craché il demanda de la lumière. Le Tartuffe ou l'Imposteur est une comédie de Molière en cinq actes et en vers créée le 5 février 1669 sur la scène du Théâtre du Palais-Royal. ». Décidé à empêcher cette représentation, il émet le 16 janvier deux mandements. Elle s'orne en effet d'un magnifique poteau cornier représentant un oranger le long duquel grimpe une troupe de jeunes singes. En fait, Molière passa d'une satire à une autre, en apparence plus inoffensive et moins dangereuse : celle de la médecine et des médecins — dont plusieurs chercheurs ont montré les liens avec la satire anti-religieuse[106]. Téléchargez PARIS, FRANCE - 21 FÉVRIER 2015 : Tombe de Jean-Baptiste Poquelin (Molière) au cimetière du Père Lachaise à Paris. Job étudiant, stages et offre d'emploi en alternance, dépôt d'offre avec L'Etudiant - L'Etudiant Il était ami de Molière, qui […] souffrit que cet abbé allât dans leurs loges, et c'était lui qui mettait la paix entre elles. Dès 1674, Samuel Chappuzeau fait un vibrant « Éloge de Molière » : « Outre les grandes qualités nécessaires au poète et à l'acteur, il possédait toutes celles qui font l'honnête homme ; il était généreux et bon ami, civil et honorable en toutes ses actions, modeste à recevoir les éloges qu'on lui donnait, savant sans vouloir le paraître, et d'une conversation si douce et si aisée que les premiers de la Cour et de la Ville étaient ravis de l'entretenir[174]. Photo: Molière Fontaine Molière Fontaine - plutôt que d'une fontaine complète, et un monument à la grand dramaturge. Depuis le XVIIIe et surtout le XIXe siècles, amateurs de Molière et historiens se sont interrogés sur la santé de cet auteur qui a été emporté par la maladie au sortir de la quatrième représentation du Malade imaginaire, le 17 février 1673, et ils ont reconstruit l'histoire de sa santé à partir de la fin. À l'étranger, Molière a parfois aussi été replacé dans un contexte actuel. » Le personnage était encore féminin peu avant la pièce de Molière comme semble l'indiquer la découverte d'une vignette intitulée « La Tartufe », qui aurait été imprimée avant 1663[n 19]. Tout, à commencer par les termes mêmes du contrat d'association, suggère que le jeune Poquelin s'est engagé dans le théâtre pour y tenir les rôles de héros tragiques aux côtés de Madeleine Béjart, de quatre ans son aînée[19]. Le 15 janvier, il est tenu sur les fonts baptismaux[n 3] de l'église Saint-Eustache par son grand-père Jean Poquelin († 1626) et Denise Lecacheux, son arrière-grand-mère maternelle[n 4]. Les nouveaux sont La Thorillière (1662), Armande Béjart (1663) et André Hubert (1664). Molière se retire de la scène pendant plusieurs mois. En effet Orgon a mis dans ses mains une cassette qu'un ami lui avait confiée, cette cassette contenant des documents compromettants. L'anonyme est d'ailleurs conscient de l'effet négatif que pourrait avoir son apologie de la pièce : « Je rends apparemment un très mauvais service à Molière par cette réflexion, quoique ce ne soit pas mon dessein[26]. », « Une infinité de gens ont dit qu'il expira dans cette partie de la pièce […] Cette singularité parut tenir quelque chose du merveilleux, et fournit aux poëtes une ample matière de pointes et d'allusions ingénieuses : c'est apparemment ce qui fit que l'on ajouta beaucoup foi à ce conte. Cléante, frère d'Elmire et beau-frère d'Orgon. Molière entreprend alors de remanier sa pièce. Ce « petit impromptu » a été, écrit Molière dans sa préface, « proposé, fait, appris et représenté en cinq jours[112] ». », Le metteur en scène Roger Planchon, qui connut un énorme succès avec son adaptation de la pièce lors du 21e festival d'Avignon (juillet 1967), écrit: "La pièce montre d'une façon exemplaire les passages entre une idéologie et des sentiments, comment on vit avec des idées et comment ces idées passent dans notre vie, comment nous croyons exposer certaines idées alors que notre discours est totalement porté par des mouvements psychologiques, ou à l'inverse, ce que nous croyons être notre profondeur psychologique recouvre en fait une donnée sociale dont nous n'avons pas pris conscience... À partir du moment où l'on se propose de régenter la vie par quelques concepts idéologiques, la machine ironique mise en place par Molière fonctionne[45].". », Acte d'engagement du danseur Daniel Mallet, reproduit dans. Dès la première scène, le personnage est campé, décrit par Damis comme un « cagot de critique », par Dorine comme « un gueux qui, quand il vint, n'avait pas de souliers » et qui se comporte en maître, un hypocrite et un jaloux, un goinfre et un bon vivant (scène IV). Le Médecin malgré lui « est adapté de la tradition française et européenne du Vilain mire[224]. Mais les chercheurs ont acquis aujourd'hui la conviction que ce premier Tartuffe était une pièce complète en trois actes correspondant approximativement aux actes I, III et IV de la version définitive, et dans laquelle les personnages de Mariane et de Valère, qui sont au centre du deuxième acte, n'existaient peut-être pas, ou n'avaient qu'un rôle très secondaire[n 13]. Si l'on se fie à ce qu'on peut savoir du premier Tartuffe en trois actes (voir plus haut), la pièce avait été conçue non point comme une attaque de l'hypocrisie des hommes en général et de la fausse dévotion, mais comme une satire de la (vraie) dévotion[35]. ». Il n'est donc pas impensable que Molière ait choisi à son tour un fief campagnard imaginaire, ce qui expliquerait qu'il ait commencé par signer « De Molière » et ait été régulièrement désigné comme « le sieur de Molière[n 21] ». La dernière modification de cette page a été faite le 12 mars 2021 à 17:39. Le sang qui sortait par sa bouche en abondance l'étouffa. Pour créer son personnage, Molière se serait, selon certains historiens[52], inspiré de l'Ipocrito de Pierre l'Arétin (1542), comédie dans laquelle le héros éponyme, personnage aux yeux baissés, maigre et goinfre, habillé de noir et portant un bréviaire sous le bras, s'introduit dans la maison de Liseo, flattant le maître de maison, convoitant son épouse et intriguant pour parvenir à ses fins. Une nouvelle salle, située dans le Palais-Royal, demeure de Philippe d'Orléans et Henriette d'Angleterre, est mise à la disposition de la Troupe de Monsieur, qui la partagera, là encore, avec les comédiens italiens[67]. ». Fils de Jean Poquelin (1595-1669) et de Marie Cressé (1601-1632), Jean-Baptiste Poquelin[n 2] est né dans les premiers jours de 1622, ce qui fait de lui, à quelques années près, le contemporain de Cyrano de Bergerac, de Furetière, de Tallemant des Réaux, de Colbert, de D'Artagnan, de Ninon de Lenclos, de La Fontaine, du Grand Condé et de Pascal. Quelque temps après la publication du mandement de Péréfixe, Colbert demande à son bibliothécaire Étienne Baluze, docteur en droit canon, d'examiner la validité de ce mandement. Faux dévot et hypocrite. La contention continuelle de votre esprit, l'agitation continuelle de vos poumons sur votre théâtre, tout enfin devrait vous déterminer à renoncer à la représentation. Relation d'une fête donnée à Vaux. Comme Molière, il pensait jusqu’alors l’opéra en français impossible. » À la fois furieux et effondré, Orgon intervient et ordonne à Tartuffe de quitter les lieux. Son œuvre est introduite au Japon à partir de 1868 par Koyo Osaki, où elle est immédiatement « mise en scène par des troupes de kabuki »[327]. Biographie : Alfred de Musset est un poète et un dramaturge français. Certains, notant que « son théâtre est le fruit d'une lente maturation, non de l'application respectueuse de règles apprises au collège par l'étude des modèles classiques », en viennent à douter même que Molière ait fait des études régulières, sans toutefois exclure la possibilité qu'il ait été l'élève de Gassendi entre 1641 et 1643[13]. Vers la même époque, plusieurs auteurs rapprochent le mot des tartufoli (truffes) italiens[n 15]. Voltaire écrit une Vie de Molière (1739), Chamfort produit un Éloge de Molière et Diderot souligne son génie créateur[317]. Ajouter une photo. Le Tartuffe définitif est ainsi créé le 5 février 1669. 1 Sa vie 2 Son Åuvre 2.1 Comédies 2.2 Tragédies 2.3 Farces 3 Personnages obsessionnels 3.1 Tartuffe ou l'imposteur 3.2 Le Bourgeois Gentilhomme 3.3 L'avare 3.4 Le malade imaginaire 3.5 Les valets 4 Futilités 5 Iconographie 6 Sur l'auteur 7 Sources 8 Navigation Ce dramaturge auteur de plusieurs comédies fût le chef d'une troupe de Théâtre Français, qui s'illustra au début du règne de ⦠Au cours du même été, Nicolas Boileau prend à son tour la défense de son ami dans un Discours au Roi, qui dénonce vigoureusement les bigots « Qui, tout blancs au dehors, sont tout noirs au dedans »[n 7]. Sept en faisaient partie lors des débuts à Paris (les mêmes plus Louis Béjart et le couple De Brie). Certains historiens ont vu dans le veto royal l'effet d'une intervention d'Anne d'Autriche[3] ; mais une telle intervention de la mère du roi, qui, au témoignage de sa mémorialiste, « n’avait pas alors un grand crédit auprès [de son fils][4] », n'est attestée par aucun document de l'époque. Quant à Boileau, il assistait à ses pièces[n 79] et y riait de bon cœur[n 80], même s'il dénonce dans L'Art poétique les disparités de ton et ce qu'il juge être des faiblesses dans l'œuvre de Molière[n 81]. Le 11 mars 1672, Les Femmes savantes, septième et dernière grande comédie en cinq actes et en vers de Molière, est créée au Palais-Royal. Une semaine après la mort de Molière, les représentations reprennent : Le Misanthrope d'abord, avec Baron dans le rôle d'Alceste, puis Le Malade imaginaire, avec La Thorillière dans celui d'Argan. En 1663, dans sa comédie Zélinde ou la véritable critique de l'École des femmes, Donneau de Visé présente Élomire [Molière] appuyé sur un comptoir et silencieux, « dans la posture d'un homme qui rêve. », Dans son Dictionnaire historique et critique (1697), Pierre Bayle emprunte une bonne partie de son article sur Molière à l'édition des Œuvres complètes (1682), ajoutant : « Ce livre est plus connu et plus manié que ne le sera jamais mon Dictionnaire[315]. ». Pendant les huit premiers mois de représentations, le succès de la nouvelle troupe est d'autant plus grand que, le jeu de paume du Marais ayant brûlé le 15 janvier, ses locataires ont dû partir jouer en province pendant sa reconstruction[22]. Ainsi que nous en prévient Molière dans la préface des Précieuses ridicules, la seule lecture du texte de ses pièces ne saurait donc rendre justice aux multiples éléments déclencheurs du comique que la mise en scène fait apparaître : « comme une grande partie des grâces qu’on y a trouvées dépendent de l’action et du ton de voix, il m’importait qu’on ne les dépouillât pas de ces ornements[270] ». Si Molière n'a jamais voulu renoncer à cette pièce, quoique interdite, c'est qu'il se savait soutenu par les personnages les plus puissants de la cour, à commencer par le roi lui-même, et qu'il était certain qu'une comédie qui ridiculisait les dévots attirerait la foule dans son théâtre[n 46]. Molière savait qu'en écrivant une satire burlesque sur l'aveuglement ridicule d'un chef de famille qui oublie toute charité chrétienne et sur l'hypocrisie d'un directeur de conscience, amateur de bonne chère et qui lutine sans vergogne la maîtresse de maison, il ferait rire la majorité de son public, tant à la ville qu'à la cour. », Comme le note Jacques Scherer, « Le personnage comique de Molière est un inconscient […] Il ne comprend jamais qu'il est comique. Pour concevoir et mettre au point le spectacle dans lequel s'insère sa comédie et qui intègre la musique et la danse, Molière a collaboré avec Jean-Baptiste Lully pour la musique, Pierre Beauchamp pour la danse et Giacomo Torelli pour la scénographie. Dans son acte d'inhumation, il sera dit « Jean-Baptiste Poquelin de Molière, tapissier, valet de chambre du roi »[65]. Tartuffe apparaît et tente de séduire Elmire. À cet égard, la répétition d’un quiproquo est doublement comique. » Ainsi que l'observe Patrick Dandrey, « le spectacle comique nous réunit dans la connivence de ce rejet manifesté par le rire : par là, il est agent de réconciliation, d'euphorie[245] ». Elle est maintenant disponible, au moins partiellement, dans plus d'une cinquantaine de langues[328]. « Tout ce qui n'entre point dans le corps, dit-il, je l'éprouve volontiers ; mais les remèdes qu'il faut prendre me font peur ; il ne faut rien pour me faire perdre ce qui me reste de vie. Acte IV. 22 août 1661 ». Ainsi que l'ont noté des critiques : « La querelle de L'École des femmes, les avatars du Tartuffe et les réactions suscitées par Dom Juan montrent assez le rôle idéologique reconnu à Molière par ceux-là mêmes qui se sentaient attaqués à travers ses œuvres[207]. Dès 1659, il propose dans Les Précieuses ridicules une critique du parler précieux dont l’effet est dévastateur sur les tenants de cette mode. », Les dictionnaires ne sont pas en reste. Orgon, par contraste, le voit comme un humble, un doux, priant avec de grands soupirs, refusant l'aumône et se chargeant de tous les péchés, un être vertueux combattant tous les vices, sans voir que sous cette humilité se cache un ambitieux qui a pris le pouvoir dans sa maison. La charge de tapissier et valet de chambre du roi revient de nouveau à l'aîné. 4000+ photographes pour professionnels et particuliers. On veut que ces portraits ressemblent ; et vous n’avez rien fait, si vous n’y faites reconnaître les gens de votre siècle, « il faut que le poète comique fasse en même temps rire et penser ; il faut qu'il fasse penser, sans quoi il n'y aurait ni vérité humaine ni enseignement, mais il faut aussi qu'il fasse rire […] sans quoi le spectateur ne condamnerait pas le défaut représenté, « Montsir, avec le vostre permissione, je suisse un trancher marchand Flamane, qui voudrait bienne vous temantair un petit nouvel, « répétition symétrique qui s'étire tout au long de la scène, « Les répliques se partagent les idées comme les pas se partagent le thème d'un ballet, « Ceux qui l'ont vu [jouer] nous disent qu'il court, fait des révérences, bouscule ou est bousculé, souffle, écume, grimace, se contorsionne, fait mouvoir avec furie les burlesques ressorts de son corps ou avec humour ses gros sourcils ou ses yeux ronds, « Jamais personne ne sut si bien démonter son visage, et l'on peut dire que dans cette pièce il en change plus de vingt fois, « comme une grande partie des grâces qu’on y a trouvées dépendent de l’action et du ton de voix, il m’importait qu’on ne les dépouillât pas de ces ornements, « roulements d’yeux extravagants, [de] soupirs ridicules, et [de] larmes niaises qui font rire tout le monde », « donner une réplique au père-obstacle opposé à ses vœux qui est sans commune mesure avec le discours ordinaire des, « Le personnage comique de Molière est un inconscient […] Il ne comprend jamais qu'il est comique.